
Loisirs premium : les Français cèdent à la “funflation” malgré la hausse des prix / iStock.com - jacoblund
La « funflation », kézako ?
Ce néologisme est un mot-valise issu de la contraction de fun (amusement) et inflation. Il désigne une tendance ayant émergé après la crise sanitaire, qui consiste à privilégier la notion de « vivre pleinement » à celle de « posséder inutilement » ! Cette idée de revanche à prendre après une période de privations, cette soif de liberté post confinement aurait amené les consommateurs à augmenter leurs dépenses dans les loisirs haut de gamme, en dépit de coûts quelquefois considérables. Au registre de ces expériences qui ont le vent en poupe, on compte par exemple les concerts et festivals (billets VIP pour des tournées internationales, hébergements premium, accès aux backstages, etc.). Les prestations culinaires et gastronomiques (dîners dans des restaurants étoilés, menus multisensoriels...) ont aussi la cote. Les séjours d’exception (hôtels 5 étoiles, châteaux, spas haut de gamme...), les thalasso et autres retraites yoga ou méditation dans des lieux d’exception s’arrachent également. Les activités sportives (stages de pilotage, initiation au golf dans des resorts internationaux...) ne sont pas en reste. Enfin, citons également les loisirs technologiques (simulateurs de vol ou de course automobile...), et les expériences culturelles immersives (expositions ou pièces de théâtre en réalité virtuelle, parcours interactifs dans les musées, etc.) qui séduisent des publics de plus en plus larges.
Que met en lumière ce phénomène de société ?
En France, le Centre de Recherche pour l’Étude et l’Observation des Conditions de Vie (CREDOC), qui enquête sur les habitudes d’achat, les arbitrages budgétaires des ménages et les tendances émergentes, souligne la montée en flèche de ce marché d’expériences haut de gamme. Sa dernière enquête révèle qu’en 2025, 11 % des consommateurs de loisirs premium ont fréquenté un restaurant étoilé et 8 % ont réservé un hébergement d’exception ou une croisière. “La recherche d’émotion, de sensation, prend le pas sur la détention d’objets”, explique l’organisme. Pour privilégier le « vivre » au « posséder », les Français opèrent des arbitrages budgétaires nouveaux. Ainsi, malgré l’inflation générale, certains ménages réduisent leurs dépenses courantes (électronique, habillement, alimentation...) pour assouvir leurs nouvelles envies, et financer ces sorties coûteuses. Ils alimentent ainsi une demande soutenue, ce qui limite l’effet dissuasif des prix élevés. Conséquence : le marché du divertissement flambe et subit une inflation sectorielle. L’Insee indique qu’ « en France, l’inflation des services reste plus élevée que la moyenne, tirée notamment par les hausses saisonnières des prix du transport et de l’hébergement liés aux événements ».
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